RGO, reflux chez bébé : et si c’était dû à trop d’air absorbé ?

RGO, reflux chez bébé : et si c’était dû à trop d’air absorbé ? | Thierry Payet

Un bébé RGO c’est beaucoup de souffrance pour lui, et pour vous parents.
Les reflux peuvent entraîner beaucoup de difficultés : douleurs, nuits agitées, impossibilité de poser bébé sur le dos -même pour simplement le changer-, trajet en voiture très difficile, etc.

Beaucoup de facteurs peuvent avoir une influence sur l’apparition de reflux et l’augmentation de ceux-ci.

Ici, nous faisons un focus sur l’un d’entre eux seulement : l’air avalé par bébé durant la tétée ou la prise du biberon.

Chez certains bébés, de l’air passe et favorise les régurgitations, mais aussi les coliques.
Quels sont les facteurs qui entraînent cette absorption d’air ?
Position d’allaitement, biberon inadapté, tensions dues à la grossesse ou l’accouchement, frein restrictif buccal, nous allons tous les passer en revue.

Qu’est-ce-qu’un RGO ?

RGO est l’acronyme pour Reflux Gastro Oesophagien, et signifie que du liquide de l’estomac remonte dans l’oesophage.
Le reflux peut être interne ou externe :
externe : il y a des régurgitations associées au reflux.
interne : il n’y a pas de régurgitations, le liquide retourne vers l’estomac. Les parents témoignent de grandes difficultés à diagnostiquer ce type de reflux chez leur bébé. L’absence de régurgitations complique le diagnostic, on parle de reflux silencieux.

Cet événement est dit physiologique pour le bébé et l’adulte dans la plupart des cas lorsque le liquide est évacué de façon passive.
Vers 4-5 mois, le clapet entre l’œsophage et l’estomac devient plus mature. C’est ce clapet qui permet d’éviter les reflux. C’est pourquoi vous entendrez souvent que les reflux passent naturellement vers ⅚ mois et qu’il n’y a rien à faire.

45 à 65% des nourrissons auraient des régurgitations dites physiologiques. (1)

Seulement tous les reflux ne sont pas physiologiques et certains facteurs peuvent les exacerber.
Chez certains bébés, aucune amélioration n’apparaît vers ces fameux ⅚ mois. Peu importe qu’il se tienne assis, marche, soit diversifié ou autre, le RGO lui est toujours là.
A la moindre poussée dentaire, rhume, le RGO flambe de plus belle.
Les différents traitements (inexium, gaviscon, polysilane, mopral, etc.) ne fonctionnent pas toujours. Plusieurs études pointent d’ailleurs leur inefficacité, et le fait que ces traitements sont largement prescrits sans justification médicale. Jusqu’à 82% des prescriptions seraient injustifiées.(2)
Ici, plusieurs pistes devront être explorées. Y compris celle d’une trop grande absorption d’air, mais pas que.
Allergie, seipa, intestin poreux, enzyme, etc.

Bébé RGO et dépression post-partum

Privation de sommeil, stress, culpabilité, tous les facteurs sont réunis pour favoriser l’apparition d’une dépression post-partum.
Beaucoup de mamans témoignent a posteriori avoir eu des difficultés à s’attacher à leur bébé, jusqu’à ce que les symptômes du RGO s’atténuent.
Ce que vous traversez est difficile, ce que vous ressentez est normal. Il est primordial de vous faire accompagner. Tant pour bébé que pour vous.
Consultez pour bébé, mais également pour vous.

Les différents types de RGO

Il faut différencier les types de reflux car la prise en charge, bien sûr, diffère.

La régurgitation simple n’a comme symptôme que celui-ci.
Elle est plutôt bien tolérée, et intervient après les repas, parfois quelques heures après, mais sans effort ni contraction des muscles abdominaux du bébé, contrairement aux vomissements. Cela n’influence ni le poids ni l’appétit du bébé.
Il peut être lié à un trop plein, à un lait trop liquide et/ou à l’immaturité provisoire du système digestif et n’est donc pas inquiétant.
Cela s’observe chez beaucoup de nourrissons, et s’arrête généralement au passage à la position assise, à la diversification alimentaire et à l’acquisition de la marche (3).
Attention néanmoins au lait épaissi et à la diversification alimentaire précoce proposée comme solution au RGO.
Beaucoup de parents témoignent d’une dégradation des symptômes et d’une flambée du RGO. Très probablement car il ne s’agissait pas d’un RGO physiologique. Et que les vraies causes n’ont pas été trouvées, ni traitées.

Régurgitations associées à d’autres symptômes

Elles peuvent être associées à :

  • Des pleurs incessants parfois à distance des repas
  • Bébé se tortille, ne semble pas à l’aise pendant et après les repas
  • Refus de repas
  • Coliques du nourrisson : pleurs, gazs, constipation, difficulté à évacuer les selles ou les gazs, semble faire mal

RGO interne et oesophagite

Parfois, il y a tous ces signes sans régurgitation, c’est-à-dire sans que le liquide n’arrive à la bouche le fameux RGO interne.
Dans ces cas-là, selon l’âge, vous pouvez observer des résidus sur la langue, comme des paillettes ou des tâches sur les dents. C’est le signe de l’acidité de l’estomac qui remonte.
Il est important de traiter l’inflammation que ces RGO peuvent causer, afin d’éviter l’oesophagite.
Parlez-en à votre pédiatre, il n’y a que lui qui peut poser le diagnostic, et qui peut vous indiquer s’il lui semble justifier la prise de médicament.
Néanmoins il existe de plus en plus de réticence à donner des inhibiteurs de la pompe à protons (inexium etc.). Cela peut aggraver l’inflammation. De plus, on constate souvent un effet rebond lors du sevrage : l’inflammation peut réapparaître. De nombreux effets secondaires sont aussi régulièrement signalés par les parents : irritabilité, perturbation du sommeil, etc.

RGO et équilibre acido-basique

Dans l’idée d’une prise en charge complémentaire, vous pouvez aussi en parler à votre naturopathe, diététicienne, ou nutritionniste.
Vous pourrez ainsi avoir des renseignements concrets et applicables sur l’équilibre acido-basique du corps et l’impact de l’alimentation (qui passe par vous si vous allaitez).
Ou encore des produits naturels qui peuvent aider à réduire l’inflammation.

RGO et sténose du pylore

Il y a des signes où il faut être vigilant afin de déceler une sténose du pylore, qui nécessite une opération chirurgicale :

  • vomissement en jet persistant
  • demande continuelle de s’alimenter
  • fatigue associée
  • perte de poids
  • selles plus petites et moins fréquentes
  • déshydratation : observable si bébé pleurs sans larmes (4)

Incidence de l’ingurgitation d’air sur les RGO

La taille de l’estomac d’un bébé est limitée dans les premiers mois de vie. Entre 100 et 150 ml (1).
S’il avale beaucoup d’air pendant les repas, cela limite donc la quantité de lait qu’il peut ingérer.
Ce qui explique pourquoi parfois vous avez l’impression qu’il a peu tété, ou pris peu de lait dans son biberon et pourtant il régurgite, semble avoir un trop plein et être inconfortable.

Mais pourquoi l’air passe ?

Il existe plusieurs raisons pour lesquelles l’air peut passer pendant le repas :

  • positions de bébé et du parent qui donne à manger
  • tensions liées à la grossesse ou l’accouchement qui influent sur la succion
  • accessoires, biberons peu adaptés
  • freins restrictifs buccaux

L’importance des positions pour le repas

Il y a donc deux positions : la vôtre parent et celle de votre bébé.

Les bébés RGO ne s’apaisent pas nécessairement au sein, et ne savent pas toujours téter jusqu’à satiété.Ils peuvent se cambrer et se détourner du sein lors de la tétée.
En cas de forme sévère bébé associe la tétée à la douleur.
A contrario un bébé dont l’œsophage est irrité peut vouloir téter très fréquemment : le passage du lait soulage momentanément l’irritation. Malheureusement ce soulagement est passager et va entraîner de nouveaux reflux.

Trouver la bonne position

Pour l’allaitement, privilégiez la position BN.
Mettez-vous en position semi assise, contre un mur par exemple avec un coussin dans le bas du dos. Bébé vient se poser aligné verticalement contre vous, ventre contre ventre, les mains libres.
Nous parlons de “position BN” mais il s’agit en réalité bien de bien plus qu’une position.
Le biological nurturing, ou l’allaitement instinctif, est en réalité une approche intégrant notamment une position d’allaitement physiologique.
Nous vous recommandons cette position en cas de RGO car la bouche n’est pas en dessous du mamelon, ce qui est plus confortable pour bébé pour recevoir le lait. Et qui lui permet de contrôler lui-même le flux de lait.

En cas de RGO, nous vous recommandons fortement de rencontrer une consultante en lactation IBCLC. Qui pourra vous accompagner bien au-delà d’une simple position d’allaitement.

Lorsqu’il y a des reflux, il faut limiter les positions où bébé se retrouve en complètement à l’horizontale.
A l’inverse, la position verticale complète, n’est pas non plus recommandée car pour prendre le biberon, bébé devra être en hyper extension.

Ainsi, vous devez trouver une position entre les deux, où vous sentez que bébé et vous êtes confortables.
Les lèvres de bébé doivent être retroussées et sa bouche ouverte en grand pour favoriser une bonne prise du biberon.
La taille de la tétine et son débit doivent également être adaptés.

Les alternatives au biberon

Il existe d’autres contenants que le biberon. Selon l’âge de votre bébé vous pouvez utiliser des contenants du type verre, tasse 360, softcup, etc.
En plus de limiter l’absorption d’air, cela a pour utilité de faire fonctionner différents muscles et fonctions du système psychomoteur de votre bébé.

Là encore nous vous conseillons de vous faire accompagner d’une consultante en lactation IBCLC. Si elle est effectivement experte sur le sujet de l’allaitement, elle accompagne également les bébés qui prennent le biberon.
En effet, l’approche doit rester la même que pour l’allaitement, c’est-à-dire physiologique.
Quantité, rythme, contenant, tout ça peut être adapté à la physiologie de votre bébé, pour notamment limiter ses reflux.

Grossesse et accouchement : quel lien avec la succion chez bébé ?

Parfois, les tensions provoquées par l’accouchement ou accumulées pendant la grossesse peuvent être responsables d’une succion inefficace. Qui peut quant à elle amener à l’absorption d’air pendant la tétée ou les biberons.
Chaque grossesse et chaque accouchement est différent, c’est pourquoi nous aurions du mal à vous donner une explication qui serait applicable pour toutes et tous.
Néanmoins voici quelques facteurs qui expliquent l’apparition de troubles de la succion chez le bébé.

Grossesse et place in-utero

Consulter durant votre grossesse permet d’éviter que vous ne vous sentiez à l’étroit dans votre propre corps. Difficultés à respirer, diaphragme comprimé, trouble du transit tel que la constipation, douleurs insupportables au niveau du dos, etc.

Il est important de travailler sur toutes les tensions qui peuvent restreindre l’espace et la place tant pour vous que pour bébé. Cela va souvent de pair avec la sensation que bébé est un peu à l’étroit et qu’il se retrouve toujours dans la même position.
Celle-ci devient alors sa position de confort qu’il peut tenir parfois pendant 4-5 mois. A l’image d’un gâteau qui prend la forme du moule, le bébé se positionne aussi par rapport à l’espace et à la place qu’il peut prendre et s’adapte donc aux tensions présentes s’il y en a. En sortant de son cocon, il garde toujours en tête cette même position, un peu comme une mémoire, une empreinte. C’est pourquoi on observe généralement un côté préférentiel dans les rotations de tête, sans pour autant qu’il soit systématiquement bloqué.
Si ces positions ont vraiment été contraignantes on observe alors une attitude en banane, en virgule ou en C.
Cela dépend de plusieurs facteurs, néanmoins, si vous observez ces choses chez votre bébé, parlez-en à votre pédiatre, et à votre ostéopathe.

Ces tensions peuvent avoir une incidence directe sur la succion de bébé, et donc sur la quantité d’air qu’il avale.

Contraintes lors de l’accouchement

En ce qui concerne l’accouchement, il existe également plusieurs raisons pour lesquelles des tensions peuvent apparaître.
Si l’accouchement a été long, difficile pour vous, que bébé s’est retrouvé coincé au niveau de la tête dans votre bassin, qu’il y a eu utilisation d’instruments, cela peut provoquer des tensions perturbant diverses fonctions dont la succion.

Que fait l’ostéopathe ?

Son travail manuel permet aux différentes structures de retrouver une mobilité optimale
afin, entre autres, d’assurer un bon fonctionnement de la succion.
C’est notamment le cas de la langue, la mâchoire, les cervicales, le bassin, et les thoraciques.
Le but est aussi de “déprogrammer” chez le bébé à la fois la ou les positions gardée(s) pendant la grossesse (si elles ont été contraignantes) et celle pendant l’accouchement en lui proposant des points d’appui. Ces points d’appuis lui permettent de prendre conscience que d’autres positions sont possibles, et bien acceptées également.
Ces techniques sont douces, et respectent la physiologie de votre bébé. Elles ne sont pas invasives et c’est réellement bébé qui avec les points d’appuis va chercher d’autres positions et libérer ses tensions.
Ce n’est jamais nous ostéopathe qui lui imposons.

Hyperextension et RGO : le cercle vicieux

Si l’hyperextension peut entraîner l’apparition de reflux, le reflux peut quant à lui augmenter cette hyperextension. Pour casser ce cercle sans fin, il est important de consulter et de vous faire accompagner.

La problématique des freins restrictifs buccaux

Un frein restrictif buccal peut entraîner des problèmes de succion, et donc de reflux.

Qu’est-ce qu’un frein restrictif buccal ?

Il existe des membranes de tissu conjonctif ou fascia appelées frenulum, qui sont présentes sous la langue, au niveau des joues et des lèvres.
Ces fascias sont supposés être souples, élastiques, mobiles et permettent ainsi une bonne fonction de la langue, des lèvres et des muscles des joues.
Une fonction optimale de ces structures permet à bébé d’avoir une succion efficace, et limite, entre autres, le passage de l’air pendant le repas.
Cependant, il arrive que ces fascia soient rigides, et limitent alors grandement la mobilité : la succion perd en efficacité.
Nous parlons alors de frein restrictif.

Frein de langue, lèvre ou joue et RGO

Ces freins restrictifs buccaux peuvent amener à une succion inefficace, favorisant le passage de l’air pendant le repas, ce qui augmente le risque de RGO.

Si votre bébé présente des freins restrictifs buccaux, une prise en charge pluridisciplinaire sera alors nécessaire. D’une part pour poser le diagnostic, préparer à une éventuelle frénotomie, et en post-op.

Entourez-vous d’une équipe experte du sujet, qu’il s’agisse d’un ORL ou dentiste pour le diagnostic, d’un thérapeute manuel (ostéopathe ou chiropracteur) pour libérer toutes les tensions, d’une consultante en lactation IBCLC, d’un orthophoniste, etc.

1 https://www.pediatre-online.fr/nourrissons/le-reflux-gastro-oesophagien-rgo-du-bebe-et-du-nourrisson-quest-ce-que-cest/

2 https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/dossiers-de-l-allaitement/2031-da-131-le-point-sur-le-reflux

3 https://www.ameli.fr/haute-garonne/assure/sante/themes/rgo-nourrisson/definition-causes

4 https://www.aboutkidshealth.ca/fr/Article?contentid=2&language=French

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