Les astres semblent finalement alignés : les ostéopathes du Québec font face à ce qui s’avère être le dernier sprint vers la professionnalisation de leur métier. Comme mon patient m’a déclaré en bon vivant la semaine dernière, lorsque je lui ai parlé de l’annonce gouvernementale :
« Y’était temps en taba*****! »
J’ai acquiescé, sourire aux lèvres.
En effet, tel une clavicule sorti d’un chapeau, la communauté ostéopathique apprenait le 21 octobre dernier que la ministre de l’Enseignement supérieur et ministre responsable de l’application des lois professionnelles, Mme Danielle McCann, annonçait le lancement d’une consultation publique portant sur l’encadrement de la pratique de l’ostéopathie au Québec.
Cette consultation publique semble vraisemblablement être la dernière étape du long, pour ne pas dire très long, processus de professionnalisation de l’ostéopathie au Québec. Une avancée majeure pour cette approche manuelle, naturelle et humaine qui aide des milliers de québécois par année, et ce, depuis près de 40 ans au Québec.

Malgré son « non-statut » actuel, l’ostéopathie est enracinée en terre québécoise. Il suffit de « zyeuter » les plus grandes bannières de cliniques multidisciplinaires au Québec : vous trouverez assurément, au sein de leur équipe, un sinon plusieurs ostéopathes.
De Sept-Îles à Montréal, de Québec à Rouyn-Noranda, de Gatineau à New Richmond et de Shawinigan au Îles-de-la-Madeleines, vous trouverez un ostéopathe, soyez-en rassuré.
Un ordre, pourquoi c’est important?
Mais pourquoi est-ce donc si important que votre ostéopathe devienne officiellement un professionnel de la santé? Pourquoi était-il, pour reprendre les mots de mon patient;
« temps en tabar**** »?
– Ce changement permettra d’uniformiser et de standardiser la formation. En effet, à l’heure actuelle au Québec, les formations pour devenir ostéopathe, données par des écoles privées, sont variables en terme d’heures théoriques et pratiques. Conséquemment, les ostéopathes formés possèdent un bagage variable en terme de connaissances, et une compétence techniquepratique elle aussi, variable. L’émergence d’un Ordre des ostéopathes mènera à la protection du consommateur par l’uniformisation de la formation, qui assurera rigueur, sérieux et conformité aux standards internationaux. Les instances de réglementation lié à l’apparition d’une telle structure légale est elle aussi, en sois, un élément de protection pour la population québécoise.
– La création d’un ordre permettra de donner confiance aux individus qui ne connaissent pas l’ostéopathie, puisque soudainement nous aurons le « sceau d’approbation » gouvernemental. Le « OK » que nous sommes des professionnels sérieux et aptes à prendre en charge des problèmes de santé, et ce, de manière sécuritaire. L’ordre permettra de mieux faire connaître cette profession qui fait du bien, qui est humaine, entière , parfois subtile, mais tellement bénéfique pour toutes les dimensions formant corps et existence humaine.
– Cette reconnaissance permettra une plus grande collaboration interprofessionnelle. En effet, actuellement, si les professionnels de la santé du Québec respectaient leurs codes déontologiques à la lettre, ils ne seraient pas autorisés à référer un patient en ostéopathie puisque nous ne sommes pas encore une profession de la santé réglementée. Cela n’empêche pas le fait que toutes les semaines, je reçois dans mon bureau des patients référés par un médecin ou d’autres professionnels de la santé. Quand le bien du patient est mis au centre de la prise en charge, c’est ce qui arrive. Donc BRAVO à vous, professionnels de la santé hors-la-loi, fringants et rebelles. Vous serez bientôt dans la légalité déontologique : un poids de moins sur vos épaules!
– Un ordre facilitera également le processus d’exonération des taxes, récemment imposé partout au pays. Ce rajout de taxes menace directement l’accessibilité aux soins, source d’une grande frustration pour plusieurs puisque nous faisons ce métier pour aider les gens dans le besoin. Si nous ne pouvons plus aider certains individus puisque nos services coûtent trop cher, il y a dilemme et incohérence. Ici, une pétition, qui aidera notre cause! Merci de signer, et de partager avant le 22 novembre 2020.
Les autres bienfait d’un ordre, en blitz :
– L’accès au métier à un coût raisonnable, comme la formation sera inévitablement offerte dans le système universitaire public. Possiblement à l’université de Sherbrooke?
– De meilleurs opportunités de recherche permettant de faire avancer le domaine.
– Éliminer le climat de peurcrainteincertitude qui règne par moment dans la communauté ostéopathique depuis les poursuites du collège des médecins.
– Aider à « désengorger » le système de santé en ouvrant une nouvelle piste de solution et option de prise en charge « officielle » à la population québécoise.

« With great power comes great responsibility »
Être « assujetti » à une entité législative telle qu’un ordre n’est pas toujours rose. En effet, il serait utopique de croire que les ostéopathes pourront maintenant s’exclamer, du haut de leurs toit, grange ou gratte ciel, « je suis un professionnel de la santé », sans devoir se soumettre à des exigences qui seront plus rigoureuses, potentiellement plus restrictives, et assurément plus intrusives qu’elles ne l’ont jamais été. Et non mon cowboy, tu ne peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Nous devons nous responsabiliser face à notre propre démarche de professionnalisation, et accepter de nous soumettre à de nouvelles règles du jeu. Soyons donc professionnels, fiers, et responsables de ce destin qui fut finalement et heureusement tricoté par nul-autre que… nous-mêmes.
Votre ostéopathe, un professionnel de la santé

Avec un ordre, l’ostéopathie au Québec fera un bond de géant en terme de reconnaissance. Je souhaite de tout cœur que cette transition servira de « jurisprudence » pour les autres provinces canadienne, et pour les autres pays où la reconnaissance de l’ostéopathie n’est pas encore acquise.
Je nous souhaite une ostéopathie entière, pure, noble
et surtout humaine puisque nos corps, cœurs et esprits en ont besoin.
Antoine Del Bello, Shawinigan, Québec.
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